Scientific MOOCs follower. Author of Airpocalypse, a techno-medical thriller (Out Summer 2017)


Welcome to the digital era of biology (and to this modest blog I started in early 2005).

To cure many diseases, like cancer or cystic fibrosis, we will need to target genes (mutations, for ex.), not organs! I am convinced that the future of replacement medicine (organ transplant) is genomics (the science of the human genome). In 10 years we will be replacing (modifying) genes; not organs!


Anticipating the $100 genome era and the P4™ medicine revolution. P4 Medicine (Predictive, Personalized, Preventive, & Participatory): Catalyzing a Revolution from Reactive to Proactive Medicine.


I am an early adopter of scientific MOOCs. I've earned myself four MIT digital diplomas: 7.00x, 7.28x1, 7.28.x2 and 7QBWx. Instructor of 7.00x: Eric Lander PhD.

Upcoming books: Airpocalypse, a medical thriller (action taking place in Beijing) 2017; Jesus CRISPR Superstar, a sci-fi -- French title: La Passion du CRISPR (2018).

I love Genomics. Would you rather donate your data, or... your vital organs? Imagine all the people sharing their data...

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Douleur et prélèvement d'organes : la réponse des coordinatrices du Groupe Hospitalier PITIE SALPETRIERE (Paris)

Voici la réponse des coordinatrices responsables des prélèvements multiorganes sur le Groupe Hospitalier Pitié Salpétrière :

Votre courrier nous étant parvenu, nous allons nous efforcer d’y répondre au mieux.

Nous sommes les coordinatrices responsables des prélèvements multiorganes sur le Groupe Hospitalier Pitié Salpétrière.

1 – Le coma végétatif est différent de ce que l’on nomme la Mort Encéphalique ; il y a toujours une activité cérébrale conservée dans un coma alors que celle-ci est nulle et irréversible dans la Mort Encéphalique.

Donc le mot coma ne peut être employé dans la Mort Encéphalique.


Vous parlez de locked in syndrom ; dans ce contexte particulier, ce sont les fonctions motrices qui sont atteintes alors que les autres facultés cérébrales restent présentes.


2 - La mort encéphalique se diagnostique obligatoirement par 2 électro-encéphalogrammes nuls de toute activité cérébrale ou un angioscanner démontrant qu’il n’existe plus aucune circulation vasculaire cérébrale.

Ces 2 examens ont pour but de certifier la Mort Encéphalique.



Ensuite, d’autres examens seront effectués pour confirmer cet état de mort.

Toute activité cérébrale étant abolie, toute sensation douloureuse ne peut alors plus être ressentie.


3 – Sachez que nous et les équipes participant à l’activité de prélèvements, respectons la personne qui a fait don de ses organes.

Si nous avons choisi cette profession, c’est qu’elle correspond aux valeurs humaines et éthiques que nous défendons.


Si votre questionnement persiste, nous nous tenons à votre disposition pour y répondre.

D’autre part, vous pouvez consulter le site de l’Etablissement français des Greffes au www.efg.sante.fr.


Cordialement.

Les coordinatrices de prélèvements d’organes et de tissus du Groupe Hospitalier Pitié Salpétrière.


Véronique KOKOSZKA-BISCOMPTE

Joëlle MAVRE

Viviane OHEIX

Tél : 01 42 17 73 14

Mail : coordination.prelevement@psl.ap-hop-paris.fr

Douleur et prélèvement d'organes : la réponse du Président de France-Transplant (CHU Lyon)

Chère Madame,

J'ai bien reçu votre note du jeudi 10 mars 2005 et je vous prie de trouver ci-joint les éléments de réponse à vos questions :

- Une personne en état de mort cérébrale n'a aucune possiblité de ressentir quoi que ce soit puisque son cerveau est totalement et irrémédiablement détruit, cette personne n'est consciente de rien, ne perçoit rien car tous les éléments de perception passent par le cerveau et nécessite que celui-ci soit vivant.
- Il n'y a aucune possibilité qu'une personne en état de mort cérébrale ne puisse jamais revenir à une vie cérébrale ; il n'y a bien sûr pas non plus de possibilité quelconque qu'elle puisse ultérieurement éprouver une quelconque douleur.
- Je suis bien sûr à votre disposition pour toute réflexion ou tout débat sur des questions restant en suspens mais je crains qu'il n'y ait rien à débattre sur la perception que peut avoir un cerveau totalement détruit. Il n'y a à cet égard aucune ambiguïté dans l'esprit d'aucun des spécialistes du sujet. Si la question avait pu être l'objet de débat; il y a plusieurs décennies, tout cela a été maintenant définitivement établi sans risque d'aucune erreur par l'avancée des travaux scientifiques et la progression des connaissances sur le cerveau humain, ainsi que sur les moyens d'affirmer sa destruction totale.
Je vous remercie de votre confiance et vous prie d'agréer, Chère Madame, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Professeur Jean-Louis TOURAINE
Président de France-Transplant
CHU de Lyon

Douleur et prélèvement d'organes : la réponse de Carine Camby, Directrice de l'EFG

NB : depuis mai 2005, l'EFG (Etablissement Français des Greffes) est rattaché à l'Agence de Biomédecine , dont Carine Camby a pris la direction.

Chère Madame,
Il ne faut pas confondre coma prolongé et état de mort encéphalique.

Dans le cadre d'un coma prolongé, la mort n'est pas intervenue, c'est-à-dire que même si le patient n'est pas conscient, son cerveau continue à fonctionner et donc à percevoir des sensations.

Au contraire, l'état de mort cérébrale implique le constat de non fonctionnement définitif du cerveau. Le patient est devenu un mort, et il n'a plus aucune sensation possible, même si l'on maintient l'oxygénation de ses organes par une respiration artificielle.

En espérant avoir répondu à vos interrogations et en vous remerciant pour l'intérêt que vous portez au don d'organes, je vous prie de croire, Chère Madame, à l'assurance de mes salutations distinguées.

Carine Camby
Directrice d' l'Etablissement Français des Greffes

Douleur et prélèvement d'organes : la réponse du Professeur Gandjbakhch

Celle du Professeur Iradj GANDJBAKHCH, Chef de Service à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris 13ème) - Service de Chirurgie Thoracique et Cardio-Vasculaire :

Chère Madame,
La Direction du Groupe Hospitalier Pitié Salpêtrière m'a fait parvenir le courrier que vous avez envoyé à la date du 11 mars 2005 concernant l'ouvrage écrit par le médecin urgentiste de l'Hôpital A. Béclère, Clamart, en particulier les chapitres concernant la mort cérébrale, les prélèvements d'organes, les transplantations.

Je voudrais vous apporter les précisions suivantes :
1) La définition de la mort a été pendant des millénaires la disparition de l'activité cardiaque. Or, du fait des progrès techniques et de la médecine, cette notion a été battue en brèche.

- il y a des patients qui sont sous coeur artificiel et/ou assistance circulatoire qui n'ont plus le coeur, ou le coeur est complètement immobile, et qui sont parfaitement vivants parce qu'ils parlent, ils se lèvent, ils mangent, ils se promènent, ils dorment, bref...ils vivent. Donc la notion de dire que 'l'arrêt des battements du coeur est synonyme de mort' est complètement fausse parce qu'on peut être parfaitement vivant sans avoir le coeur natif.

- A l'inverse, on s'est aperçu qu'il est possible d'avoir le coeur qui continue à se battre pendant une période brève tandis que la personne est morte du fait de la destruction de son cerveau.

2) Si la définition de mort encéphalique qui autorise le prélèvement d'organes est parfaitement bien définie par les législateurs, les gens de mauvaise foi, pour ne rien en dire d'autre, à dessein créent des troubles dans l'esprit des personnes en parlant de coma, de coma prolongé, de coma végétatif, de l'état végétatif, bref, ... des circonstances qui n'ont rien à voir avec la définition légale de mort cérébrale et qui ne font qu'apporter des confusions.

Aujourd'hui en France, selon la loi, il est possible de prélever des organes dans les circonstances suivantes :
A - Sur les donneurs vivants. Cette activité est bien encadrée par la loi.
B - Chez les patients à l'état de mort encéphalique avec la définition qui est donnée, non seulement le coma, non seulement la disparition de la respiration, mais également un électroencéphalogramme nul pendant un enregistrement de 30 minutes et répété à quatre heures d'intervalle, et en l'absence de tous les produits pouvant agir sur le cerveau, et, en cas de nécessité, par artériographie carotidienne montrant l'absence de toute vascularisation du cerveau. Vous pouvez constater qu'il s'agit d'une définition qui tient compte de la clinique et des examens complémentaires de degré de plus en plus sophistiqué. Cet état de mort encéphalique n'existe pas à l'état naturel. Ce n'est que chez des patients atteints d'un certain nombre de maladies neurologiques que les médecins, dans un premier temps, traitent les patients dans le but et l'espoir de pouvoir les 'tirer d'affaire' et que, devant la constatation de la destruction irrémédiable du cerveau, ils sont amenés à proposer un prélèvement d'organe.
C- Les prélèvements sur les patients de coeur arrêté, en particulier prélèvement du rein et du foie dans les conditions également bien définies, c'est-à-dire l'arrêt du coeur constaté depuis au moins 10 minutes.

Donc j'espère vous avoir apporté des réponses à vos interrogations.
Veuillez croire, chère Madame, à l'assurance de mes sentiments les meilleurs.
I. Gandjbakhch

Douleur et prélèvement d'organes : la réponse du Président de l'association ADOT 69 (Lyon)

Etablissement Français des Greffes
Docteur Jean-Jacques Colpart, Chef de Service
Docteur Corniglion, Président ADOT 69
Service de Régulation et d'Appui
Centre Est
Lyon
Site internet : www.efg.sante.fr

Madame,

L'ADOT 69 m'a transmis votre mail du 10 mars 2005.

Je ne connais pas l'ouvrage du Dr. Andronikof, mais il apparaît qu'il parle d'un malade en état de coma et non d'un mort (sujet en état de mort cérébrale).

Dans l'état de coma, effectivement le sujet peut ressentir certaines sensations. Pour éviter toute confusion avec le coma prolongé, le terme de coma dépassé doit être banni et remplacé par mort encéphalique ou à défaut mort cérébrale. Cet état correspond à une destruction totale et irréversible du cerveau. Dans cette situation aucune perception n'est possible, la douleur ne peut être ressentie que par l'intermédiaire du cerveau donc elle ne peut plus parvenir lorsque celui-ci est totalement détruit.

Je me tiens à votre disposition pour tout complément d'information.

Je vous prie de coire, Madame, à ma meilleure considération.

Docteur JJ Colpart
cc : Dr. Corniglion - Pdt Adot 69.

Douleur et prélèvement d'organes : la réponse de FRANCE ADOT

Madame,
nous vous remercions de votre sollicitude et de l'intérêt que vous portez à notre association.

Sachez que la mort encéphalique est l'arrêt de toute activité cérébrale. Elle ne peut pas être confondue avec un coma profond.
Jamais quelqu'un déclaré en état de mort encéphalique (ce qui fait suite à des tests très précis et répétés qui ne laissent aucun doute aux deux médecins présents) ne pourra revivre.
Cet état est irréversible.
La certitude de la mort est incontestable.

Tous les éléments moteurs et autres stimulus sont donc inexistants de ce fait.
Vous ne ressentirez rien lors du prélèvement.
Ceux qui prétendent le contraire ignorent le fonctionnement du corps humain et bafouent les préceptes de la médecine.

Nous vous le répétons : la mort encéphalique dépasse le coma. C'est l'arrêt définitif de toute fonction motrice et cérébrale. Cela est inscrit et validé par la loi de Bioéthique révisée en Août 2004.

Nous ne pouvons être plus explicites.

Les bénévoles de FRANCE ADOT informent et sensibilisent depuis maintenant 35 ans sur le sujet sensible des dons d'organes et les renseignements donnés sont validés par l'Organisme national se chargeant de la répartition des greffons.
Il s'agit de l'Etablissement français des Greffes, constitué en grande partie de médecins, certains étant des spécialistes reconnus.
Nous vous prions de trouver ci-après leurs coordonnées :
Etablissement français des Greffes (E.f.G.)
Directrice Générale : Carine CAMBY
1, Avenue du Stade de France
93212 SAINT DENIS LA PLAINE
' 01 55 93 65 50
Fax : 01 55 93 65 55
communication@efg.atrium.rss.fr
www.efg.sante.fr

Ils sauront vous apporter de très nombreuses précisions.

Par ailleurs, si vous souhaitez rencontrer les bénévoles de FRANCE ADOT dans votre département, nous vous invitons à prendre contact avec :
FRANCE ADOT 75
Secrétariat Général
30, Avenue de Ceinture
95880 ENGHIEN LES BAINS
' 01 34 12 76 61
Fax : 01 34 12 54 49
' 01 40 37 90 37 (Présidente)
Fax : 01 40 36 03 34
albedo@lxir.net

Ils apporteront leurs points de vue et vous feront part de leur manière de transmettre l'information.

Vous souhaitant bonne réception du présent message,
Respectueusement
PO FRANCE ADOT
Le secrétariat fédéral

MON COMMENTAIRE :
La définition de la mort (= autorisation de prélèvement) est validée par la loi de Bioéthique révisée en Août 2004. Nous avons donc affaire à une toute jeune et récente (re-)définition de la mort...et nous ne pouvons qu'espérer qu'elle est juste. Je l'espère de tout coeur !!...

Douleur et prélèvement d'organes : d'autres réponses de spécialistes :

Voici la réponse lapidaire du Professeur Alain-Pierre KAHN, Chef du Service de Neurochirurgie à l'Hôpital Necker Enfants Malades, Paris :

En aucun cas on ne ressent de la douleur puisque la mort cerebrale est LA mort. Pas de sensation, pas de motricité etc.

Une autre réponse, plus cordiale, de l'association Leucémie Espoir :

De : Leucemie Espoir [mailto:cyril.quemeras@leucemie-unle.org]
Envoyé : jeudi 10 mars 2005 13:25
Objet : Re: douleur et prelevement d'organe(s)

Objet du message : les conditions de prélèvement des organes

> [...] La question que je me pose à présent, en qualité de donneur
> potentiel, porte sur les conditions du prélèvement : si je suis en
> état de mort cérébrale, avec le coeur et les poumons maintenus en
> état de marche, est-il certain que ne ressentirai pas de douleur au
> cours du prélèvement de mes organes ?

Sans aucun doute: oui, il est certain que vous ne ressentiriez aucune douleur. Par définition, la "mort cérébrale" est caractérisée par deux EEG
(électroencéphalogrammes) réalisés à 6 heures d'intervalle, ne montrant *aucune* activité électrique de l'encéphale.

Les circuits douloureux, bien qu'initiés et transmis à un niveau sous-encéphalique, ne sauraient générer une sensation douloureuse en présence d'un encéphale mort.
Je peux vous réaffirmer que ce fait est certain.

> "Bien sûr, le malade ne peut plus rien exprimer, mais il est
> conscient de tout, il possède tous les affects nociceptifs : il
> souffre quand on le pince, quand on le brûle, etc., mais il ne peut
> pas réagir, c'est ce qu'on a alors appelé le 'locked-in syndrom'".

Vous semblez faire une confusion entre un état clinique que l'on voit malheureusement trop souvent en service de réanimation, et l'état de mort cérébrale. Ce sont deux états totalement différents, même si le premier peut, et seulement "peut", précéder le deuxième.

> Je vous serais très reconnaissante pour les éléments de réponse que
> vous voudriez bien me fournir : (références à des ouvrages,
> périodiques, magazines qui soient compréhensibles pour le grand
> public)...ou tout autre élément qui puisse m'éclairer !

Vous pouvez commencer par ici:
-> http://minilien.com/?whMXw7pN8E

Bien cordialement,
--

Dr Cyril QUEMERAS,
Responsable éditorial Internet UNLE
cyril.quemeras@leucemie-unle.org
http://www.leucemie-unle.org

2, place de Penhelen, F-29200 Brest (France)
ICQ: 3577510 - Fixe: +33 2.98.41.64.59 - Mobile: +33 6.62.19.64.59

http://www.mmt-fr.org : Médecins Maîtres-Toile
http://www.medicalistes.org : Listes de discussion médicales

---

Union Nationale Leucémie Espoir
info@leucemie-unle.org
http://www.leucemie-unle.org

37, rue Paul Valéry,
F-29000 Quimper, FRANCE
Tel/Fax: +33 2.98.95.53.71 - Mobile: +33 6.08.61.43.90

Douleur et prélèvement d'organes (sur donneur mort) : prélève-t-on un patient mort ou un patient dans le coma ? Et s'il est dans le coma, a-t'il mal ?

J'ai posé la question suivante à des Chefs de Service des hôpitaux de l'AP-HP (Assistance Publique des Hôpitaux de Paris), ainsi qu'à des médecins de France ADOT et de France Transplant :

**************************************************
Je fais partie du grand public (ne suis ni médecin ni étudiante en médecine) ; je me permets toutefois de solliciter votre aide pour les réponses aux questions que je me pose, concernant la pratique des greffes.
Je suis titulaire d'une carte de donneur qui m'a été envoyée sur ma demande par l'Etablissement Français des Greffes il y a quelques années - demande que j'ai effectuée suite à la lecture d'ouvrages destinés au grand public par le Professeur Cabrol, ainsi que suite aux interventions télévisées de celui-ci en vue de promouvoir le don d'organes.

J'ai donc accepté d'être prélevée d'un ou plusieurs organe(s) (coeur, rein, foie, poumons, pancréas, os et cartilages, cornée et peau) s'il m'arrivait de me trouver en état de mort cérébrale.

J'ai bien noté que celle-ci correspond à une activité cérébrale nulle, une bonne conservation des organes due à la vie végétative ou assurée par le maintien d'une circulation sanguine et d'une assistance respiratoire dans un service de réanimation.

J'ai également bien noté que :
  • La mort encéphalique dépasse le coma. C'est l'arrêt définitif de toute fonction motrice et cérébrale.
  • Tous les éléments moteurs et autres stimulus sont donc inexistants de ce fait.
  • Les circuits douloureux, bien qu'initiés et transmis à un niveau sous-encéphalique, ne sauraient générer une sensation douloureuse en présence d'un encéphale mort. Donc je ne ressentirais rien lors du prélèvement.
  • Cela est inscrit et validé par la loi de Bioéthique révisée en Août 2004.

Mais dans le livre "Médecin aux urgences", de Jacqueline Dauxois et du Dr. Marc Andronikoff, paru aux Éditions du Rocher en 2005,le Dr. Marc Andronikof, Chef de Service des urgences de l'hôpital Antoine-Béclère (Clamart), parle de son désarroi face aux comas qu'on prolonge à des fins de prélèvements.
Je développe les propos du Dr. Andronikof en faisant référence à la revue de presse du mercredi 02/02/05 de Genethique (www.genethique.org) :

"Médecin aux urgences :

Marc Andronikof, chef de service des urgences de l'hôpital Antoine Béclère de Clamart, nous fait part dans un ouvrage intitulé 'Médecin aux urgences' de ses réflexions sur des sujets comme l'euthanasie, les greffes d'organe, la bioéthique ou l'acharnement thérapeutique. Ce livre bouscule le consensus sur les avancées scientifiques et sur les capacités qu'elles ont à résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

Rédigé sous forme d'entretiens avec la journaliste Jacqueline Dauxois, Marc Andronikof revient notamment sur la question des greffes d'organes. Il dénonce le fait que dans les services d'urgence on réanime à tout prix les patients dans le seul but de leur prélever leurs organes : 'Moi, je suis hérissé de ne pas laisser les mourants mourir en paix, et, de plus il me semble que le médecin doit soigner et aider la personne qui se trouve là [...] au lieu de la sacrifier pour les autres'.

Il explique également que c'est la mort qui conditionne l'autorisation de prélèvement. Depuis peu on a légiféré pour définir la mort comme la mort cérébrale alors qu'avant elle était définie en fonction de l'arrêt du coeur, du cerveau et de la respiration. Aujourd'hui les prélèvements sont donc autorisés sur des personnes en coma dépassé. Il est temps, estime t-il 'de se demander si l'on ne recommence pas les erreurs tragiques du passé au lieu de se persuader qu'elles ne peuvent en aucun cas se produire de nos jours.' "


Par le passé, la science médicale avait affirmé qu'on pouvait opérer les bébés sans anesthésie, car ils ne ressentaient pas la douleur. On s'est aperçu par la suite qu'ils ne pouvaient pas l'exprimer, cette douleur, mais qu'ils la ressentaient.

Est-il totalement absurde d'imaginer que, par la suite, il sera prouvé que certains comateux prélevés on effectivement ressenti de la douleur, un peu comme ces bébés opérés sans anesthésie (bien sûr ces bébés n'étaient pas en état de mort cérébrale) ?

Je souhaite certes aider les vivants par un don d'organe(s), mais je souhaite connaître, en contrepartie de ma "générosité", l'état d'avancement de la science médicale sur la connaissance de ces états neurologiques dits d'"activité cérébrale nulle", de "coma dépassé" - et aussi la pratique de cette science médicale lors du prélèvement d'organes / de tissus.

En effet, d'un côté on m'affirme que les prélèvements ne sont autorisés que si le patient est en état de mort encéphalique, et que celle-ci dépasse le coma. Mais de l'autre côté je lis, dans le livre du Dr. Andronikof, que les prélèvements sont autorisés sur des personnes en coma dépassé. Que cela peut se produire et se produit.

La lecture de l'ouvrage du Dr. Andronikof , notamment celle des passages concernant les pratiques des greffes, a donc jeté le trouble dans mon esprit profane en la matière. J'ai pris conscience du fait que le grand public est très peu informé sur cette question cruciale : douleur et prélèvement d'organes. Il me semblerait pourtant essentiel de l'en informer.

Soit dit en passant ce même grand public est très au fait des éblouissants progrès techniques qui permettent de conduire, dans bien des cas, au succès des greffes...

Je pense qu'il persiste un débat de fond entre : d'une part le Dr. Andronikof, auteur du livre "Médecins aux urgences" ; et d'autre part les médecins pour qui la mort cérébrale est LA mort : pas de sensation, pas de motricité etc.

En effet, le Dr. Andronikof fait remarquer que cette définition de la mort comme la mort cérébrale est récente ; auparavant la mort était définie comme l'arrêt du cœur, du cerveau et de la respiration.

S'il y a débat sur le sujet, il me semble tout aussi essentiel de porter ce débat à la connaissance du grand public.

Je vous serais très reconnaissante pour les éléments de réponse que vous voudriez bien me fournir : (références à des ouvrages, périodiques, magazines qui soient compréhensibles pour le grand public)...ou tout autre élément qui puisse m'éclairer !
**************************************************

Quelques temps après avoir posé cette question aux différents médecins spécialistes des greffes d'organes (ceux que j'ai mentionné au début de ce message), j'ai reçu des réponses fort diverses !

J'ai même reçu un courrier du Professeur Cabrol, actuellement Consultant à l'Hôpital de la Pitié Salpêtrière et Président de l'Association ADICARE.

Le Professeur Cabrol m'a fait l'honneur de me répondre à titre individuel, néanmoins il ne souhaite pas que son courrier figure en ligne. Vous pourrez lire les autres réponses.

Je souhaite remercier chaleureusement tous les auteurs des réponses que j'ai obtenues, pour les précieux renseignements qu'ils m'ont fournis !

Je cite un extrait de la lettre N°62, Février 2005, de la revue Genethique :

"Médecin aux urgences - Jacqueline Dauxois - Dr Marc Andronikof

Aujourd’hui, le chercheur intervient dans des domaines que les grandes civilisations ont toujours considérés comme sacrés : la vie, la mort et l’homme. Et les consciences acceptent ces exploits en s’adaptant aussi vite que progresse la technologie. Ce livre d’entretiens entre Jacqueline Dauxois et Marc Andronikov, médecin chef de service des urgences à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart, qui porte en lui toute la lumière du christianisme orthodoxe, bouscule utilement le consensus mou sur les avancées scientifiques.

A-t-on le droit de refuser ?
Techniquement, on peut tout faire à l’homme. On peut… mais n’a-t-on pas aussi le droit de refuser ? A-t-on le droit de refuser de se considérer et de considérer les autres autrement que comme des assemblages d’organes et de tissus interchangeables ? Quels soins peut-on accepter ? Qui décide de ce que deviennent nos corps lorsque la conscience les abandonne ?… Est-il admissible qu’un médecin des urgences puisse décider qu’un malade, qui est perdu, doive absolument être réanimé au moyen de toutes les machines respiratoires, toutes les assistances circulatoires… pour qu’on puisse lui prélever ses organes ? Depuis la loi Caillavet de 1976, le consentement de la personne est implicite et quiconque n’a pas déclaré de son vivant qu’il s’opposait au prélèvement d’organe l’accepte. Qui le sait ?

« La mort n’est pas la mort »
La mort n’est plus définie par l’arrêt des trois fonctions vitales ; aujourd’hui, seule la mort cérébrale est considérée dans le milieu scientifique et dans la loi comme la mort mais cette définition qui autorise tous les prélèvements sur les personnes en coma dépassé n’est-elle pas une erreur scientifique ? On affirme que le cerveau détermine la mort parce que les atteintes au cerveau sont aujourd’hui irréversibles alors qu’on peut suppléer aux autres organes, au cœur, aux poumons par la réanimation. On définit les réalités médicales et la personne elle-même en fonction de ce qu’il est possible de réaliser techniquement aujourd’hui. Or la mort est un processus, puisque toutes les fonctions ne s’arrêtent pas en même temps... Mais la notion de mort cérébrale permet de prélever avant que les organes qui ne sont pas encore atteints commencent à souffrir.
Ainsi « le concept d’équivalence entre la mort et le coma dépassé repose sur trois erreurs grossières : prendre une continuité pour un point, prendre une partie pour le tout, prendre l’avenir vraisemblable pour un événement déjà réalisé. »"


Voici un point sur les différentes sortes de coma :
Je cite la revue de presse du mercredi 11/05/05 de Genethique :

Qu'est-ce que le coma ?
Le quotidien Le Monde consacre une page spéciale sur le coma. En France chaque année, 8 500 personnes sont hospitalisées pour un traumatisme crânio-cérébral qui est, avec les accidents vasculaires, l'une des grandes causes de coma ou d'état végétatif.

Que ce soit Vincent Humbert, Terri Schiavo ou plus récemment le pompier Donald Herbert qui vient de retrouver l'usage de la parole en sortant de l'état semi végétatif dans lequel il vivait depuis 9 ans, tout a commencé par un accident qui les a plongés dans le coma. Le coma est une abolition plus ou moins complète des fonctions de la vie de relation (conscience, motilité, sensibilité) alors que les fonctions de la vie végétative sont relativement conservées.

Il existe différents stades de coma décrits avec l'aide d'une échelle clinique, le score de Glasgow. Cet outil évalue l'ouverture des yeux, la qualité des réponses motrice et verbale. Les fonctions végétatives que sont la respiration spontanée et la circulation sanguine peuvent être conservées. On parle de 4 stades de coma :

l'obnubilation : la communication est réduite, le malade réagit aux stimuli douloureux ;

la disparition de la capacité d'éveil : pas de communication avec le malade, réactions inappropriés aux stimuli douloureux ;

le coma profond : pas de communication, pas de réaction aux stimuli douloureux, disparition des réflexes des nerfs crâniens, troubles végétatifs ;

le coma dépassé ou mort cérébrale : perte irréversible de toutes les fonctions de l'ensemble du cerveau, du tronc cérébral et des hémisphères, électro-encéphalogramme plat.

Si la cause du coma est curable, celui-ci est potentiellement réversible, mais si elle permet le maintien des fonctions vitales, "la réanimation ne peut réparer ce qui a été détruit" souligne le professeur Lemaire du service d'anesthésie réanimation du CHU de Créteil. Le coma peut déboucher sur une récupération plus ou moins satisfaisante ou sur un état qualifié de végétatif chronique.
Les sujets dans cet état peuvent survivre pendant de nombreuses années avec des fonctions végétatives normales (respiratoires, circulation, sécrétions...) dès lors que leur sont apportés les soins nécessaires.

Cet état de coma pose de graves questions médicales et éthiques : comment savoir s'il existe des chances de réveil pour un malade dans le coma ? Faut-il limiter les traitements y compris l'alimentation par sonde gastrique chez la personne en état végétatif ?

Depuis peu, les nouvelles techniques d'imagerie et notamment l'imagerie par résonance magnétique (IRM) sont en train de modifier la donne. Ces techniques permettraient de prédire de manière fiable l'avenir neurologique de patients dans le coma. Steven Laureys, chercheur à l'Université de Liège et spécialiste des "consciences emmurées" est l'un des pionniers de l'étude par imagerie fonctionnelle de l'activité cérébrale des patients en état de conscience minimale (ECM). Ces patients souffrent de dommages cérébraux sévères et montrent des signes intermittents d'appréhension de leur environnement. Ils peuvent même grimacer, pleurer ou suivre du regard des objets ou des visages. Il est en revanche impossible de rentrer en contact avec eux. Après différentes études, les chercheurs estiment que l'échelle comportementale peut être inadéquate "pour discerner le niveau de conscience". L'imagerie fonctionnelle pourrait être un outil pour fournir une évaluation plus précise. "Ces résultats soulèvent des questions importantes sur les capacités de patients ECM à ressentir des états subjectifs, mais aussi à bénéficier d'interventions thérapeutiques" soulignent les chercheurs américains, qui invoquent un "impératif humanitaire" : étudier plus avant les états de conscience de patients ayant souffert de lourds traumatismes cérébraux.


NB : Les opinions transmises ne sont pas toujours cautionnées par la rédaction.
Le Monde (Paul Benkimoun - Hervé Morin) 06/05/05